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Haiti-Crise: le système éducatif, l’un des secteurs les plus touchés

L’année 2022 a été une année particulièrement difficile en Haïti. Tous les secteurs d’activité ont directement été impactés par les bouleversements sociopolitiques qui ont émaillés toute l’année. Parmi les secteurs les plus touchés, le système éducatif haïtien. La rentrée scolaire a été contraint au report à plusieurs reprises jusqu’à parvenir à une ouverture timide et progressive. Jusqu’à date seulement 73% des écoles ont ouvert leurs portes pour l’année académique 2022-2023 selon des statistiques du Ministère de l’Education Nationale.

2022 a été une année où l’incertitude et la panique ont été au centre des débats concernant le système éducatif haïtien. D’ailleurs, beaucoup d’écoles ont eu du mal à fonctionner normalement à cause des crises politiques, sociales et économiques qui rongent le pays. L’un des faits les plus marquants pour le système scolaire cette année a été la transgression du calendrier scolaire 2022-2023 proposé par le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) au début de chaque année académique.

Il faut remonter dans le temps pour trouver une année scolaire qui s’achève sans perturbation en Haïti. Qu’on se le rappelle, l’année académique 2021-2022 s’est terminée dans la douleur, des examens officiels ont du être annulés dans certaines zones en proie à la terreur des bandits armés, mais pourtant tout au cours de ladite année scolaire, les écoles semblent avoir été moins perturbées par rapport à la présente. Hors-mis quelques incidents, les dates maintenues au début de l’année scolaire pour la réalisation des examens officiels ont été respectées et ces derniers se sont déroulés à peu près sans surpris.

En effet, il est important de souligner que vers la fin de l’année scolaire, le banditisme étend ses tentacules dans diverses villes du pays. De plus en plus de zones ont été menacées par la présence des bandes armées. Par conséquent, la circulation a été fortement perturbée. Des écoles situées dans les zones ciblées comme Cité-Soleil, Lasaline, Martissant ont dû fermer et certains bacheliers ont même raté les examens officiels à cause de l’insécurité.

Le MENFP avait prévu de changer beaucoup de choses surtout au niveau structurel et académique. Le titulaire du Ministère de l’Education Nationale, Nesmy Manigat, a annoncé à diverses reprises les nouvelles mesures prises pour le bon fonctionnement des institutions scolaires. Sur le plan didactique, le MENFP a décidé de doter les deux premières classes du premier cycle, à savoir les première et deuxième années fondamentales d’un manuel unique rédigé en langue créole, contenant les matières clés. Cette mesure a été rendue publique le 5 juillet dernier et devait entrer en application dès la reprise des classes en octobre 2022. Mais cela n’a pas été le cas.

 

Parmi les autres mesures prises sur le plan structurel, se trouvait celle de supprimer les classes de troisième cycle, c’est-à-dire les classes de 7e, 8e, et 9e année fondamentale au sein des lycées nationaux. Par ailleurs, le MENFP a clairement formulé son interdiction aux écoles publiques et privées d’entreprendre des activités commerciales sans autorisation formelle au sein des institutions scolaires. Ainsi, par l’intermédiaire d’une note publiée le 8 septembre dernier, le MENFP disait condamner toutes activités commerciales au sein des écoles.

Nesmy Manigat souligne que ces mesures tendent à soulager économiquement les parents et à réduire considérablement les inégalités qui existent entre les différentes écoles, à travers le pays. Toutefois, malgré les efforts du MENFP pour mettre en application ces mesures, la situation sociopolitique et économique critique d’Haïti a contrarié tous les plans de ce dernier. D’ailleurs, les choses ont totalement glissé entre les doigts des autorités éducatives, au cours des jours précédant la réouverture des classes initialement prévue au 3 octobre mais reportée a maintes reprises. La crise politique et économique liées à la pénurie et à la hausse des prix du carburant constituent entre autres les facteurs qui ont donné un coup d’arrêt à ces prétendues réformes éducatives.

Comme à l’accoutumée, l’année scolaire débute en septembre en Haïti. Cependant, en raison de la crise pétrolière persistante et hors de contrôle rencontrée au début du mois de septembre, les responsables du MENFP ont été contraints de reporter la rentrée des classes d’un mois soit au 3 octobre.

Les mouvements populaires ont duré plusieurs semaines et les dégâts ont été assez importants pour bloquer le fonctionnement régulier des écoles, certaines étaient même ciblées d’autres ont été carrément victimes directement ou indirectement de représailles qui découlent de cette crise. D’autre part, les prix exorbitants des transports en commun ont découragé beaucoup de parents à envoyer leurs enfants à l’école.

L’entame de l’année académique 2022-2023 a été l’une des plus incertaines pour le système éducatif en Haïti, depuis plusieurs années. Les mouvements de protestations populaires, l’inaccessibilité des produits pétroliers et la crise sécuritaire ont fortement impacté la rentrée scolaire. L’incertitude planant au-dessus des parents, du personnel éducatif, des écoliers, des étudiants et même du Gouvernement qui s’est d’ailleurs très peu exprimé à ce sujet, était insoutenable.

 

Certaines écoles privées et publiques de la capitale et des villes de province ont dû attendre la fin du mois de novembre pour ouvrir leurs portes dans la plus grande discrétion. D’ailleurs, entre novembre et décembre, les écoles qui fonctionnaient le faisaient de manière irrégulière, les élèves ne portaient pas d’uniformes et les horaires étaient spéciaux comme l’exige la situation actuelle. D’autre part, quelques écoles ont préféré attendre le mois de janvier pour ouvrir.

L’année 2022 a été éprouvante. S’il y a une chose sur laquelle les Haïtiens devraient se mettre d’accord au moins une fois pour le nouvel an, c’est la préservation du droit à l’éducation. Il est essentiel, d’une part, que le Gouvernement en place prenne ses responsabilités pour garantir la sécurité des vies et des biens, d’autre part, qu’il prenne conscience de l’importance de l’éducation pour l’avenir de la nation haïtienne en investissant davantage dans le capital humain.