Haïti : l’état d’urgence étendu à l’ensemble du territoire, Antony Blinken attendu sur l’île
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Alors que l’état d’urgence a été étendu mercredi à l’ensemble de l’île caribéenne, le secrétaire d’État américain Antony Blinken se rendra en Haïti jeudi pour apporter le soutien des États-Unis à la force multinationale censée ramener la sécurité dans le pays, ravagé par la violence des gangs, mais dont le déploiement et le financement restent limités.
Le gouvernement haïtien a annoncé, mercredi 4 septembre, que l’état d’urgence en vigueur dans la région de Port-au-Prince était étendu à l’ensemble du territoire, alors que la flambée des violences dans la capitale, dont des gangs ont pris le contrôle quasi-total, se répand dans des régions voisines. Cette annonce, effectuée par un porte-parole du Premier ministre Garry Conille, intervient à la veille de la visite du secrétaire d’État américain, Antony Blinken, sur l’île caribéenne.
Instauré en mars dernier par le chef du gouvernement à l’époque, Ariel Henry, l’état d’urgence à Port-au-Prince a été prolongé à plusieurs reprises puis décrété également dans des zones du sud de l’île.
Plus tôt mercredi, Garry Conille a déclaré avoir participé à une distribution d’équipements et d’armes aux forces de sécurité haïtiennes, avec l’objectif que celles-ci reprennent les territoires contrôlés par les gangs armés.
Appel aux contributions financières de la communauté internationale
Antony Blinken, qui se rendra également en République dominicaine vendredi, doit rencontrer à Port-au-Prince le nouveau Premier ministre Garry Conille, les membres du Conseil de transition, ainsi que le commandement de la force multinationale et de la police haïtienne, selon le département d’État.
“Nous constatons une augmentation spectaculaire des patrouilles et des opérations destinées à rétablir la sécurité et un sentiment de normalité en Haïti”, a déclaré à des journalistes Brian Nichols, sous-secrétaire d’État chargé des Amériques.
“Mais nous avons également besoin de voir des progrès sur le plan politique”, a-t-il dit, ajoutant qu’Antony Blinken ferait pression pour la tenue d’élections, qui n’ont pas eu lieu en Haïti depuis 2016. Le secrétaire d’État américain devrait aussi appeler à ce que les autorités haïtiennes “enquêtent” sur les allégations de corruption visant des hautes personnalités du pays, a-t-il dit.
La mission doit compter à terme quelque 2 500 policiers venus du Bangladesh, du Bénin ou encore de Jamaïque, mais leur arrivée a été retardée et son financement, estimé à 600 millions de dollars par an, tarde à se concrétiser.
Les États-Unis sont le principal contributeur financier d’une mission de sécurité réclamée par Ariel Henry en 2022 face à l’influence grandissante des gangs en Haïti. Washington a déjà versé plus de 300 millions de dollars en fonds et en équipements, dont des dizaines de véhicules blindés, des lunettes de vision de nuit, des radios, tentes etc., a rappelé Brian Nichols.
“Néanmoins, nous avons besoin que le reste de la communauté internationale apporte des contributions financières beaucoup plus importantes pour que la force puisse continuer à opérer et que d’autres pays puissent déployer leurs unités”, a-t-il dit.
À ce titre, les États-Unis n’excluent plus une modification du mandat de cette force, qui a été autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU mais n’est pas une force de maintien de la paix des Nations unies.
“Notre objectif est d’avoir une mission efficace, forte, capable d’apporter le type de progrès en matière de sécurité que le peuple haïtien mérite (…). Une force de maintien de la paix formelle est l’un des moyens d’y parvenir, mais nous envisageons de multiples façons d’y parvenir”, a indiqué Brian Nichols.
Haïti garde un très mauvais souvenir des missions passées de l’ONU et de nombreux pays, à commencer par les États-Unis, y étaient jusqu’à présent opposés.
Un vote au Conseil de sécurité sur le renouvellement de l’autorisation de la MMAS est prévu le 30 septembre.
Avec AFP et Reuters