Le parti démocrate à la dérive a réussi à se réunir derrière la vice-présidente, relançant une machine grippée à trois mois de l’élection.

ÉTATS-UNIS – Elle sauve un parti qui allait droit dans le mur. 24 heures après l’annonce du retrait de Joe Biden de la présidentielle américaine, Kamala Harris a réussi à réunir le parti démocrate derrière elle et à engranger une levée de fonds historique ce lundi 22 juillet.

Le président de 81 ans était au pied du mur depuis plusieurs semaines et le débat raté contre Donald Trump sur CNN le 27 juin dernier. Même si Joe Biden a tenu presque un mois malgré les critiques de ses propres alliés, le nom de la vice-présidente a vite émergé pour le remplacer.

Pourtant, elle-même n’était pas bien placée au vu de son bilan critiqué, de son éloquence peu convaincante ou encore de sa cote de popularité très basse dans l’opinion publique. Mais contre toute attente, elle a réussi à convaincre un parti au bord du précipice en un temps record.

Newsom, Pelosi, Whitmer… tous derrière Harris

Ces dernières 24 heures, elle a en effet récolté les soutiens des principales figures démocrates telles que les gouverneurs de Californie, Gavin Newsom, ou de Pennsylvanie, Josh Shapiro, ou encore du Michigan, Gretchen Whitmer. Tous étaient pourtant cités comme de potentiels concurrents pour être candidat du parti démocrate à la présidentielle. Elle semble désormais avoir le champ libre pour la nomination.

Le site Politico a fait le compte : elle a eu le soutien d’au moins 153 représentants, 32 sénateurs, et 12 gouverneurs. Deux syndicats importants la supportent, tout comme les délégations du New Hampshire, de la Caroline du Sud, de la Caroline du Nord et du Tennesse qui ont promis de voter pour elle à la convention démocrate en août.

Encore plus fort : elle a convaincu l’ancienne cheffe de la Chambre des représentants, la très influente Nancy Pelosi. Cette dernière a écrit sur X avoir « pleine confiance » en Kamala Harris pour conduire les démocrates à la victoire lors du scrutin du 5 novembre.

Les électeurs aussi semblent soulagés, comme le montrent les messages d’artistes qui affluent. Si George Clooney, qui avait appelé Biden à se retirer, n’a pas voulu commenter le retournement de situation, d’autres stars se sont réjouies de la candidature de Kamala Harris. Parmi elles Mark Hamill, Barbra Streisand, Spike Lee, John Legend, Lizzo ou encore Robert De Niro.

Barack Obama silencieux

En plus d’avoir unifié les démocrates derrière elle alors que le parti se déchirait littéralement sur le cas Joe Biden, la vice-présidente de 59 ans a réussi un exploit : lever plus de 81 millions de dollars, uniquement auprès de petits donateurs, en 24 heures.

Il s’agit de la plus importante levée de fonds réalisée sur cette période par un candidat dans toute l’histoire américaine. Ces fonds s’ajoutent d’ailleurs à l’argent récolté pendant la campagne Biden-Harris, soit 240 millions de dollars. Dans un pays où l’argent est un élément clé pour gagner une élection, Kamala Harris se donne de très grosse chance de remporter la nomination démocrate. Et pourquoi pas de challenger Donald Trump, à qui la victoire semblait presque acquise.

Reste un hic. Deux figures de poids dans le parti démocrate n’ont pas apporté leur soutien à la vice-présidente : le chef des démocrates au Sénat Chuck Schumer, le leader démocrate à la Chambre des représentants Hakeem Jeffries, et surtout l’ancien président Barack Obama. Leurs prises de paroles seront scrutées ces prochains jours.