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Le tabac peut réduire la qualité du sperme

Déjà connu pour son rôle dans la dysfonction érectile, le tabac est mis en cause depuis les années 1980 pour ses effets délétères sur la qualité du sperme.

Cependant, d’autres études n’ont pas mis en évidence de différence significative entre le sperme de fumeurs et celui de non-fumeurs. Quel sort est vraiment réservé aux spermatozoïdes des quelque 500 millions de fumeurs dans le monde?

Pour y voir plus clair, quatre chercheurs américains, israéliens et brésiliens ont mené un travail de fourmis qui a été publié le mois dernier dans la revue European Urology. Après avoir recensé l’ensemble des publications scientifiques portant sur le lien entre tabac et sperme -plus de 15 000, ils en ont sélectionné 20 incluant près de 6000 participants. Les résultats de leur analyse montrent que les spermatozoïdes des fumeurs ne sont pas épargnés par les effets nocifs du tabagisme. Ils vont moins vite, sont moins nombreux dans un volume donné et ont une forme atypique, qui leur rend difficile l’accès à l’ovule. Voilà le malheureux destin des spermatozoïdes des fumeurs.

C’est en particulier vrai pour les fumeurs «modérés» (10 à 20 cigarettes par jour selon les critères de l’étude) et les gros fumeurs (plus de 20 cigarettes par jour) qui connaissent une réduction du nombre de leurs spermatozoïdes jusqu’à 20 % de leur vitalité (nombre de spermatozoïdes vivants sur 100 spermatozoïdes observés), de leur mobilité et un changement de leur morphologie. Plusieurs études montrent même que plus la consommation de tabac est importante, plus il y a de spermatozoïdes présentant une forme anormale. Ces altérations ont pour effet de diminuer la capacité physique des spermatozoïdes à féconder les ovocytes.

4000 substances potentiellement toxiques

Pour l’heure, les mécanismes par lesquels le tabac affecte le sperme sont encore mal compris. Cependant, des études ont déjà mis en évidence le rôle de certaines toxines issues de la combustion du tabac dans le stress oxydatif. Ce phénomène chimique cause des dommages à l’ADN des spermatozoïdes, entraînant des anomalies embryonnaires après la fécondation et donc une diminution des chances de grossesses et une augmentation du risque de fausse-couche.

Parmi les 4000 substances présentes dans la fumée de cigarette, certaines comme la cotinine (le produit de dégradation de la nicotine) ou le cadmium sont retrouvées dans le liquide séminal des fumeurs à des taux proportionnels au nombre de cigarettes fumées. En conséquence, le liquide séminal, qui compose la majorité du sperme et qui est notamment chargé de nourrir et de transporter les spermatozoïdes dans le vagin, devient un milieu toxique pour ces derniers. Autres substances: la nicotine et les hydrocarbures polyaromatiques. En plus d’être responsable de l’addiction au tabac, la nicotine est connue pour avoir une influence sur la forme et le nombre de spermatozoïdes, tandis que les hydrocarbures polyaromatiques affectent la structure du flagelle des spermatozoïdes (organe qui permet le déplacement).

Un effet réversible?

Est-ce définitif ou proportionnel au nombre d’années de tabagisme? Les auteurs de l’étude soulignent que les données dont nous disposons sont insuffisantes. Seules deux études suggèrent que l’arrêt du tabac est associé à une amélioration de la qualité du sperme. Par ailleurs, certains chercheurs ont observé une meilleure vitalité des spermatozoïdes de fumeurs placés dans du plasma séminal de non-fumeurs, que dans leur propre plasma, ce qui semble indiquer que ce phénomène est réversible.

D’autres facteurs doivent aussi être pris en compte dans la qualité du sperme, tels que l’âge, la prise de médicaments, le poids (on sait que l’obésité joue un rôle dans la fertilité), l’alimentation, la pollution, les pesticides, les perturbateurs endocriniens ou même le wifi! Autant d’éléments que cette «étude d’études» ne prend pas en compte.