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Massacre à La Saline: 2 ans après, toujours rien

_731 jours. C’est le temps qui s’est écoulé depuis les evenements du 13 novembre 2018.  Un jour comme celui-ci, le quartier de projet La Saline allait être le théâtre de l’un des plus grands bains de sang de l’histoire récente du pays. Pendant plus de 12 heures (dans la nuit du 13 au 14 novembre), une coalition de gangs armées allait semer le deuil chez les familles de ce quartier._

Au matin du 14 novembre ce sont les images des corps mutilés, calcinés qui allaient reveiller les habitants de la capitale. A mesure que les bulletins de nouvelles se succédaient, le bilan s’aggravait et avec elle, la douleur des victimes ayant « survécus » au drame qui allait rapidement être reconnu pour ce qu’elle était: un massacre.

A ce jour, personne n’est en mesure de fournir un bilan exhaustif quant au nombre de victimes et de dégats matériels de cette hécatombe. Si certains rapports font état de près d’une trentaine de victimes, d’autres parlent de cinquantaine, voire de centaine. Si les données sur ce triste drame reste incertaines, la douleur éprouvée reste certainement présente dans la tête des survivants de l’évenement.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, au moment des faits (et encore aujourd’hui) un sous-commissariat se trouvait implanté en face de La Saline. De plus, une patrouille policière s’y trouvait elle aussi à proximité de la zone, nous l’indique le rapport de la MINUJUSTH. Cependant, étant en sous-effectif (seulement 3 policiers en poste au sous-commissariat au moment des faits) et sous-équipé, la PNH était restée passive. Ce, en dépit du fait que 5 unités de la police nationals aient été informé de l’attaque en cours.

Si certains parlent d’impuissance des forces de l’ordre, certains organismes de droits humains pointent du doigt la passivité voire la complicité de l’Etat haïtien. En témoigne ces propos receuillis par les enquêteurs de la Minujusth auprès de témoins oculaires affirmant avoir identifier Pierre Richard Duplan (ancien délégué departemental de l’ouest) accompagné de gangsters encagoulés et de plociers en civil dont Jimmy Cherisier, alias Barbecue (ancien policier). Toujours selon ces témoins, monsieur Duplan aurait dit:  » _Nou touye twòp moun, se pa misyon sa yo te ba nou_ » (vous avez tué trop de personnes, ce n’était pas ça votre mission) avant s’en aller (Rapport MINUJUSTH, p. 10)

Suite aux évènements, le gouvernement avait evidemment déclaré que ce massacre serait  » _élucidés par les autorités judiciaires_ ». Pourtant, sans grand étonnement, 2 ans après, rien de concret n’a été fait afin que justice soit rendue. Au contraire nous sommes entrés dans une nouvelle ère. L’ère du sang.

En effet, depuis ce jour l’insécurité n’a cessé de grimpé. Les gangs continuent de pulluler, allant jusqu’à former une coalition « officielle » dénommée  » _G9 an fanmi ak alye_ », avec à leur tête le fameux et « très recherché » Jimmy Cherisier (Barbecue). Les massacres, les assassinats, les vols, les enlèvements sont devenus monnaie courante. En témoigne la tuerie de l’impasse Eddy, à carrefour-feuilles (avril 2019), les exactions du gangs des « 400 mawozo », le massacre de Bel-Air, l’assassinat du batonnier Dorval (août 2020), l’enlèvement suivi de l’assassinat de l’écolière Evelyne Sincère (octobre 2020) et bien d’autres crimes ne faisant pas écho dans les médias.

Pourtant, lorsque de braves citoyens décident d’investir les rues pour affirmer pacifiquement leur ras-le-bol, ils se font matraquer violemment par la PNH, La même institution qui manquait à l’appel lorsque les habitants de La Saline agonisaient. La même institution qui, selon beaucoup de témoins, serait à l’origine de la mort (l’USGPN est une unité spéciale formée par l’institution policières, NDLR) par de l’étudiant Gregory St-Hilaire (2 octobre 2020) alors qu’il manifestait pour la nomination, par le MENFP, des normaliens au sein établissements publics.

Un fait est certain, dans cette fameuse nuit du 13 au 14 novembre 2018 la violence en Haïti a franchi un nouveau palier. Au royaume de l’impunité les bandits de grands chemins sont devenus rois et ce sont mués en véritables autorités au niveau des territoires controlés, se substituant à l’Etat. Pendant ce temps, à chaque nouvel évènement nos responsables y vont de leurs petits tweets.

Comme c’était le cas il y a 2 ans, nous continuons de découvrir des cadavres sur les immondices. La police semble dépassée. Nous sommes en droit de demander d’où nous viendra le secours dans ce chaos.

Consultez le rapport de la MINUJUSTH sur le massacre de La Saline:
https://minujusth.unmissions.org/la-minujusth-et-le-hcdh-publient-leur-rapport-sur-les-violences-des-13-et-14-novembre-à-la-saline

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