Au moins six cas d’avortements sont recensés par jour dans des cliniques à Port-au-Prince
Getting your Trinity Audio player ready... |
L’avortement qui se définit comme une interruption prématurée de la grossesse, est un phénomène qui se produit au jour le jour dans des cliniques médicales à Port-au-Prince malgré les risques qui entourent cette pratique. Il y en a plusieurs types d’avortement et quand c’est provoqué, il devient volontaire, dans ce cas, on parle d’interruption volontaire de grossesse (IVG).
Selon l’article 262 du Code pénal haïtien qui stipule, “Quiconque, par aliments, breuvages, médicaments, violence, ou par tout autre moyen, aura procuré l’avortement d’une femme enceinte, soit qu’elle y ait consenti ou non, sera puni de la réclusion. La même peine sera prononcée contre la femme qui se sera procuré l’avortement à elle-même, ou qui aura consenti à faire usage des moyens à elle indiqués ou administrés à cet effet, si l’avortement en est suivi. Les médecins, chirurgiens et les autres officiers de santé, ainsi que les pharmaciens qui auront indiqué ou administré ces moyens, seront condamnés à la peine des travaux forcés à temps, dans le cas où l’avortement aurait eu lieu”.
Malgré l’interdiction de cette pratique par la loi haitienne, beaucoup de filles se livrent dans cette pratique. A la rue Monseigneur Guilloux, Port-au-Prince se trouve des médecins qui se livrent dans cette pratique, l’avortement.
Nous avons visité une clinique dans cette zone et nous avions eu une entrevue avec le médecin responsable de cette clinique sous couvert d’anonymat.
D’entrée de jeu, le médecin nous informe qu’il est gynécologue et il reçoit au moins six jeunes filles par jour qui veulent avorter.
“Parfois il y a des filles qui viennent me consulter parce qu’elles voulaient avorter sans une assistance médicale et cela a mal tourné pour eux. Je reçois 2 cas par jour de ce genre en moyenne” nous a confié le jeune médecin.
Dans cette clinique, nous avons rencontré une jeune fille de 21 ans qui est venu pour faire un avortement.
Avec le désespoir sur son visage, Katiana (nom d’emprunt) nous a fait savoir qu’elle ne connait pas son père et sa mère a été tuée dans la guerre des gangs à Bel’Air.
“Abandonnée dans la nature, je suis obligé à livrer mon corps pour de l’argent et c’est dans cette pratique que j’arrive à avoir ce bébé” a déclaré la jeune fille avec les larmes aux yeux.
Un autre médecin qui reçoit des femmes qui veulent avorter nous a fait savoir ce la loi pénale qui a interdit cette pratique est un problème au sein de notre société.
“Comment comprenez-vous une personne qui n’a pas assez de moyens pour occuper un enfant mais en raison de la loi, elle doit retenir cet enfant et vivre dans la misère qui fait rage dans le pays” poursuit le médecin.
En ce sens, il invite les prochains législateurs haitiens de pencher sur cette loi afin de laisser le droit aux femmes de retenir ou de ne pas retenir un enfant.
D’après une enquête publiée par EMMUS VI en 2016-2017, l’avortement est considéré commea 3e cause de décès de maternité. Selon des informations dont disposent le Ministère de la Santé Publique et de la Population, le pourcentage des cas de mortalité maternelle dus à des avortements non sécurisés médicalement s’élève de 35 à 40%.