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L’ONU somme son secrétaire général d’intervenir sur les violences en Haïti

Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) a ordonné vendredi à son secrétaire général d’envisager des avenues pour aider à combattre les gangs armés d’Haïti, y compris une éventuelle force de maintien de la paix de l’ONU et une force multinationale.

Une résolution adoptée à l’unanimité par le conseil demande au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, de faire rapport sur ces options dans les 30 jours.

Le conseil autorise également jusqu’à 70 conseillers de la police et des services correctionnels de l’ONU à intensifier le soutien et la formation des forces de police nationales en sous-effectif et sous-financées d’Haïti. Et il «encourage» les pays, en particulier dans la région des Caraïbes, à répondre aux appels du premier ministre haïtien et de M. Guterres pour le déploiement d’une force internationale spécialisée.

Le premier ministre haïtien Ariel Henry avait lancé un appel urgent en octobre dernier pour « le déploiement immédiat d’une force armée spécialisée, en quantité suffisante » pour arrêter les gangs, mais plus de huit mois plus tard, aucun pays n’a pris la tête d’une telle force.

M. Guterres, qui s’est rendu en Haïti au début du mois, a appelé la semaine dernière à une force internationale robuste pour aider la Police nationale haïtienne à «vaincre et démanteler les gangs».  Il a déclaré que l’estimation de l’expert indépendant de l’ONU pour Haïti, William O’Neill, selon laquelle jusqu’à 2000 policiers antigang supplémentaires sont nécessaires n’est pas exagérée. M. O’Neill, qui a conclu un voyage de 10 jours en Haïti ce mois-ci, est un avocat américain qui travaille sur Haïti depuis plus de 30 ans et a aidé à établir la Police nationale haïtienne en 1995.

Les gangs ont gagné en puissance depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021 et on estime désormais qu’ils contrôlent jusqu’à 80% de la capitale de Port-au-Prince. La recrudescence des meurtres, des viols et des enlèvements a conduit à un violent soulèvement de groupes d’autodéfense civils.

La crise politique du pays est aggravée par la guerre des gangs : Haïti a été dépouillée de toutes ses institutions élues démocratiquement lorsque les mandats des 10 sénateurs restants du pays ont expiré début janvier.

La résolution du conseil de sécurité, coparrainée par les États-Unis et l’Équateur, «exhorte vivement» tous les pays à interdire la fourniture, la vente ou le transfert d’armes à quiconque soutient la violence des gangs et les activités criminelles. Il réitère la nécessité pour tous les Haïtiens, avec le soutien de la mission politique de l’ONU, d’établir «un processus politique dirigé par des Haïtiens et appartenant à des Haïtiens pour permettre l’organisation d’élections législatives et présidentielles libres, équitables et crédibles».

Un groupe de défense sonne l’alarme

Cette initiative de l’ONU survient alors qu’un important groupe de défense des droits de la personne en Haïti sonnait l’alarme contre la recrudescence des meurtres et des enlèvements. Le Réseau national de défense des droits de la personne a également condamné ce qu’il a appelé l’inaction du gouvernement dans un rapport daté de jeudi.

Le groupe a noté qu’entre le 1er mai et le 12 juillet, au moins 75 personnes ont été tuées et 40 autres enlevées. Parmi les personnes tuées figurent un avocat, un écolier, deux entrepreneurs de pompes funèbres et au moins six policiers. Parmi les personnes kidnappées figure une journaliste de Radio Vision 2000 qui a ensuite été relâchée. Son mari, l’ancien président du Conseil électoral provisoire d’Haïti, est toujours détenu par des membres de gangs depuis son enlèvement à la mi-juin.

Des gangs sont également accusés d’avoir pénétré par effraction dans un hôpital de Canaan, dans le nord de Port-au-Prince, d’avoir volé des fournitures médicales et d’avoir enlevé au moins six agents de sécurité. En outre, des criminels armés ont incendié le mois dernier le bâtiment qui abritait le consulat jamaïcain en Haïti.

La violence a récemment contraint l’organisme Médecins sans frontières à suspendre les soins dans l’un de leurs hôpitaux à Port-au-Prince après que le groupe a déclaré qu’une vingtaine d’hommes armés avaient fait irruption dans une salle d’opération et enlevé un patient. La Police nationale d’Haïti est sous-financée et largement maîtrisée par des gangs qui sont devenus plus puissants depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse. Le département ne compte que quelque 9000 officiers en service actif pour un pays de plus de 11 millions d’habitants.

AFP/ Associated Press

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